Mardi 13 juillet :


572 km...23h30...la Norvège...il pleut depuis ce midi...on ne voit rien, c'est frustrant...on a même failli se prendre un petit troupeau de renne dans le fjord !

Depuis quand est-ce que ça aime barboter dans l'océan un renne? Franchement ! Il n'y avait que le flanc de la montagne d'un côté et une petite bande de végétation entre la route et la mer, ils n'avaient rien à faire là ! Surtout juste à la sortie d'une ville...et puis sous la pluie battante !

"Attention des rennes!" Un cri un brin hystérique peut-être. Il faut dire que le conducteur venait juste de poser son regard sur le poste de radio décidé à ne faire entendre qu'un vague grésillement. Mon cœur s'arrête le temps de savoir si on va réussir à freiner ou lamentablement glisser et jouer aux quilles dans ce petit troupeau (6-8) de somptueux rennes à magnifiques robes et longs bois.

Finalement Sébastien a géré et les rennes ont poursuivi leur trajectoire sans se stresser plus que ça.


Avant d'en arriver là nous avons traversé la Finlande. La frontière avec la Suède est une rivière. Un panneau nous alerte que de l'autre côté du pont de Karesuando, donc à 100m, ce sera la Finlande.

Si je ne suis pas sereine depuis plusieurs jours, j'avoue que depuis ce matin je suis... tendue.

Je sais que c'est stupide car nous avons encore pleins de parc nationaux suédois qui s'offrent à nous + le Danemark + l'Allemagne. Mais tout de même... La Norvège est le véritable projet de notre escapade, la Suède n'était là qu'en substitution face aux frontières norvégiennes fermées pour COVID.


Bref, 16h05, nous franchissons le pont.

Un jeune douanier nous fait signe de nous arrêter. Il ne doit plus avoir l'habitude de voir des touristes car il ne sait même pas s'il doit nous demander nos CNI ou nos passeports ! Les passeports ça ne nous arrange pas car Sébastien n'a pas pris le sien. On le lui dit et il nous demande donc ce qu'on nous a demandé pour l'Allemagne et la Suède. Pas très pro tout de même ! Surtout qu'on ne nous a jamais rien demandé jusque-là... Sébastien lui dit que les cartes d'identité ont suffit. Ça convient au douanier qui me dit de remballer les passeports et de montrer nos passeports vaccinaux. Un coup d'œil aux garçons par la porte et hop c'est reparti.


Impossible d'aller en Norvège en ligne droite. La route longe la rivière vers l'est pendant 40km, pour remonter au nord sur 60 km.

Le paysage ressemble à la Suède : lacs et forêts. N'ayant pas trouvé d'info récente sur le sujet, on fait le demi-plein de gazoil en Finlande (zone euro) au même prix qu'en Suède. On a trop peur que les prix soient aussi exponentiels que ceux des aliments en Norvège.


17h30, frontière norvégienne. Une jeune douanière au joli regard (mais masquée ) assure seule la surveillance de la frontière. On ne doit pas être nombreux à la passer et en effet à part le poids-lourd devant nous, c'est désert.

On lui montre nos CNI et nos passeports vaccinaux. Elle nous demande l'âge des garçons, ne les regarde même pas et .... voilà !

C'était finalement aussi simple que ça ! Enfin aussi simple qu'un aller-retour Stockholm Paris pour se faire vacciner 😏.


Le paysage a changé, assez inhospitalier avec des feuillus rabougris qui tente désespérément de s'élever vers le ciel. Il pleut, à 18h il fait 18°C. On croise une station service: 0,30 centimes de moins. Centimes de couronne norvégienne ! Mais comme la suédoise, 10 couronnes équivaut à peu près à 1€.


J'explore les guides et les blogs durant le trajet. D'ici le Cap Nord, pas grand chose à voir dans les terres. Y a le parlement Sami vers l'est... ou aller dans un parc national à priori plein de tourbières... ou aller flirter avec la frontière russe histoire de dire qu'on est allé le plus à l'est de notre périple.

Par contre sur la côte y a tout plein de trucs à voir mais une seule route. On ferait donc l'aller retour et raterions le fjord de Porsanger. On se rallonge donc de 15 minutes et obliquons légèrement vers l'est.

Malheureusement il pleuvra tout du long et nous rouleront même dans les nuages à...68m d'altitude !

De temps en temps, le paysage nous dévoile cependant des petits bouts de ce que l'on rate.

On passe sans s'arrêter devant le Sámediggi, le parlement Sami de Norvège, à Karasjok et inauguré en 2000.

On hésite à poursuivre ou s'arrêter et miser sur un grand ciel bleu demain.


La question de Cap Nord se pose aussi.

D'abord ce n'est pas le point le plus au nord ! Ce dernier s'atteind par une rando de 18km A/R que les adultes n'ayant pas de petit bout de chou de 5 ans avec eux, font en 5h. Et de là, si le ciel daigne ne pas être nuageux, on peut voir le Cap Nord touristique.

Et puis ce Cap Nord touristique, c'est payant car le site est privatisé. Ce serait 680kr pour notre famille. Et encore on a de la chance, le site mentionne que le parking est gratuit depuis janvier et jusqu'à nouvel ordre. Oh merci COVID! Pour ce tarif, on peut y rester 24h et profiter du petit musée et de la boutique à souvenirs. Trop sympa!

Moi je m'en fiche un peu d'aller faire une photo auprès devant la sculpture du Cap Nord mais Sébastien me dit que ce serait comme aller à Paris et simplement voir la Tour Eiffel depuis Montmartre.

Bon OK, on y va!


Mais il faut caler le planning pour y être pour le soleil de minuit (qui s'aligne avec le globe) et faire de façon alternée la rando de 18km (pour s'éviter de traîner nos petits boulets) , en marchant pour moi et en courant pour Sébastien.

Donc soit on roule jusqu'à 1h15 du matin et on se gare sur le parking de la rando puis demain soir (tard) au piège à touristes. Musée le lendemain. Mais si il pleut demain à minuit, on pourra sûrement grapiller quelques heures pour essayer de le revoir le lendemain.

Ou on s'arrête avant, et on verra selon le temps. Parce que s'il pleut personne n'ira courir ou randonner ou guetter le soleil de minuit.


A 22h30, les garçons commencent à s'énerver à l'arrière. Nous décidons donc de ne pas aller au bout. Nous jetons notre dévolu sur une petite anse en bordure de mer. Il y a déjà pas mal de camping-cars mais rien a faire, il pleut trop. Le vent d'ailleurs se réveille aussi et nous en ressentons les bourrasques une fois à l'arrêt.

Il est 23h30 et il fait 10°C...